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Photo du rédacteurBernadette Petitpas

L'oiseau rare


On entend parfois parler de l’oiseau rare dans le cadre d’une recherche d’un profil de candidat particulier, de ce parfait agencement de compétences et d’expériences, d’attentes salariales, de valeurs et de comportements permettant une concordance parfaite avec l’organisation, sans oublier un œil bleu et un œil vert. Ah cette personne mythique...

Mais avez-vous pensé à une personne en ces termes... vous savez, l’oiseau rare, cette personne qu’on ne sait trop comment prendre, comment évaluer, quoi en penser? Cette personne qui ne rentre dans aucun cadre, dont les compétences sont reconnues, mais qui a cette tendance à poser des questions difficiles ou semblant sortir de nulle part, à parler de ce que l’on ne veut pas aborder... qui n’a pas peur des controverses ou qui est controversée? Peut-être a-t-elle une façon de s’exprimer qui est un peu différente, une combinaison étrange de rectitude politique et du contraire, ou simplement des réactions qui ne sont pas toujours celles qu’on attend. Cette personne pas toujours facile à gérer, à influencer...

Que faire alors avec ces oiseaux rares? Dans un premier temps, inutile de penser faire entrer ces drôles d’oiseaux dans une cage, qu’elle soit ronde ou carrée. En cette période où l’on chante les vertus de l’innovation, voilà déjà un point en leur faveur, non? Ils ont une façon de réfléchir différente, perçoivent des opportunités et des menaces que d’autres ne voient pas. Et si, au lieu de les affubler de l’étiquette de pelleteux de nuages ou de négatifs, on les mettait plutôt en position d’étayer les perspectives positives qu’ils envisagent sous forme d’ébauche de plan d’affaires, ou de proposer des façons de contourner ou de prévenir les contrecoups préjudiciables des risques détectés? N’y aurait-il pas là des possibilités de limiter ou de réduire les coûts, voire de générer des profits?

Ces oiseaux rares ont aussi le chic de faire ressortir certains aspects des relations interpersonnelles, notamment à l’intérieur d’un groupe. Parfois ce groupe choisira de faire front commun contre l’élément perturbateur, l’utilisant comme bouc émissaire, cette avenue pouvant sembler plus simple que de détricoter les irritants et les non-dits, les jeux d’alliances, les échanges plus ou moins malsains. Et même si c’est pour des raisons, disons, suboptimales, les effets peuvent à l’occasion, du moins à court terme, être bénéfiques, en raison de la plus grande cohésion générée. L’idéal bien sûr, c’est que le choc causé au système humain que constitue le groupe entraîne l’amorce d’un changement positif, la résolution de certains problèmes, un recentrage sur une certaine bienveillance. Sachant que la gentillesse au sein des équipes contribue à une plus grande efficacité de par la sécurité psychologique qu’elle procure, les effets positifs potentiels sont multiples.

Les avantages pour ces personnes qui parfois intriguent, et le plus souvent dérangent? Une certaine valorisation à constater que même si le processus est cahoteux ou du moins inconfortable, leur différence peut contribuer à de nouveaux succès pour l’organisation. Aussi, selon l’entourage, il y aura la possibilité d’apprendre à mieux tirer parti de leurs façons de voir et d’interagir tout en apprenant certains comportements qui limitent les réactions de rejet. S’agit-il de les changer, de quelque façon que ce soit? Pas du tout. Simplement l’occasion d’augmenter son répertoire personnel de comportements pour mieux faire valoir ses apports uniques ce qui, soyons honnête, vaut pour chacun d’entre nous...

Aux yeux du collègue ou du gestionnaire, ces oiseaux rares sont parfois déstabilisants, parfois irritants, parfois amusants ou intrigants, et laissent rarement les autres indifférents. Il n’est pas toujours facile de collaborer avec eux, parce qu’ils ne prennent rien pour acquis, ou alors pas les mêmes choses que nous; ni de les encadrer, puisque les règles, les us et coutumes ne sont pas pour eux des vaches sacrées, et puisqu’ils s’interrogent sur le pourquoi du comment de la chose et vous adressent ces questions... Ouf! Alors que faire? Cela tombe bien, il y a toujours de ces projets ou parties de projets qui sont moins évidents, moins clairs, ou qui nécessitent un certain recul par rapport aux façons usuelles d’aborder les choses. Pourquoi ne pas les leur confier? À partir de leur débroussaillage ou même de leur analyse approfondie, il sera ensuite possible de mettre à contribution les forces des autres membres de l’équipe pour arrondir les angles ou apporter les ajustements ou compléments qui faciliteront l’adoption des idées, des processus, des technologies ou autres, selon le cas, et donc le succès de ces initiatives.

« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. »

Albert Einstein

Parce qu’il y aura toujours quelqu’un aux yeux de qui chacun d’entre nous est un poisson ne sachant pas grimper aux arbres, sachons nous ouvrir davantage à ces originaux que sont les oiseaux rares pour mieux bénéficier des volets positifs de leur contribution potentielle. Sachons aussi laisser ne serait-ce qu’une toute petite place, pour commencer, à ces aspects de nous-mêmes qui sont un peu hors-norme et d’où pourraient surgir des idées et des actions différentes de ce à quoi nous sommes habitués, des idées porteuses de possibilités, qui deviendraient des clés ouvrant d’autres portes. Vous imaginez toutes les découvertes qui restent à faire, tous les succès qui restent à créer?

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